La Maîtresse Italienne
Si Napoléon nous était conté par Jean-Marie ROUART
Dans le paysage littéraire français, on ne présente plus l’Académicien et Écrivain, Jean-Marie ROUART, auteur d’une quarantaine de romans et essais. Son tout dernier roman « La Maîtresse Italienne » met en scène l’exil et la fuite de Napoléon de l’Ile d’Elbe. Un pan de l’histoire napoléonienne négligée, revue sous le prisme de l’amour. Qui est donc cette mystérieuse Comtesse Miniaci qui renverse tous les cœurs ?
Par Estelle GUEÏ
Entre journalisme d’investigation & littérature
Le meilleur ami de Jean d’ORMESSON, Jean-Marie ROUART, revient sur le devant de la scène avec un roman historique haletant, aux personnages plus vrais que nature, à l’époque de Napoléon 1er. Alors que le film de Ridley SCOTT Napoléon a été fustigé dans la presse française, le roman La Maîtresse Italienne promet d’être un excellent outil de travail préparatoire pour écrire le scénario du prochain film français sur Napoléon en réponse aux américains !
Challenge tout à fait possible, puisque l’auteur de l’essai « Omar : La construction d’un coupable» a déjà suscité l’intérêt du réalisateur et acteur, Roschdy ZEM, pour son film « Omar m’a tuer » (2011), inspiré de son livre dénonçant une injustice sociale. L’histoire incroyable d’un jardinier d’origine maghrébine accusé d’avoir tué sa patronne, Ghislaine MARCHAL, dans sa villa de Mougins.
Jean-Marie ROUART né dans une lignée de peintres impressionnistes, de collectionneurs d’art internationalement connus et d’écrivains est resté un « éternel adolescent » comme il aime à le répéter n’hésitant pas à s’intéresser aussi bien aux destins des grands hommes qu’aux anonymes victimes des pires injustices. Est-ce pour cela que les romans de cet homme au costume vert d « Immortel » bouleverse l’âme des lecteurs ? Car l’écriture de Jean-Marie ROUART est hypnotique. Nourrie par la vie, avec ses incertitudes, ses surprises, ses coups de théâtre, revirements du sort. Lui-même rescapé de la vie à plusieurs reprises, l’auteur de Mes Révoltes écrit tous ses livres comme s’il était en sursis !
L’Écrivain et Académicien, Jean-Marie ROUART, présente son nouveau roman historique : La Maîtresse Italienne !
Dans l’univers de Jean-Marie ROUART
Pour l’interview de KissCity Paris, l’écrivain m’accueille dans son antre aux tapis persan, brodés de motifs en soie et de laine rouge. Les murs quasiment invisibles sont recouverts d’innombrables chefs d’œuvres de famille. Le sol est jonché de livres n’ayant trouvé place dans les innombrables bibliothèques de leur propriétaire. Du sol au plafond, près de 2 tonnes de livres emplissent son univers livresque. Les tortueux couloirs dévoilent discrètement au regard du visiteur un dédale de pièces, habillées de meubles anciens et de livres écornés, empilés ou posés négligemment, aux grés des lectures. Ici, le temps semble s’être arrêté. Seules comptent ces pages sans âge, et le plaisir que leurs mots procureront à leur lecteur.
L’auteur Jean-Marie Rouart est le fils du peintre Augustin Rouart, qui était le héros de son livre précédent : Entre Père & Fils
Dans cet univers étrange, les esprits de Baudelaire, Hugo, Zola, Maupassant, Flaubert, Sand, Colette, Dostoïevski, Dumas, Dickens ou encore Shakespeare, se sont échappés du sablier du temps, pour souffler dans nos esprits, un vent d’éternité !
Comme aime à le croire ROUART : « Être romancier, c’est comme faire partie d’une grande famille d’auteurs, aux écrits universels et intemporels ! »
Abreuvée à l’encre, la créativité de Jean-Marie ROUART trouve sa source dans la littérature. Les livres sont ses enfants, ses amis et ses amours. Ils enchantent chaque jour sa vie tumultueuse.
En dépit des décennies, Jean-Marie ROUART ne se lasse jamais de « retranscrire les impressions de la vie sous un angle merveilleux ». Comme les peintres Impressionnistes de l’époque. Jean-Marie ROUART dévore la vie à pleine dents : se nourrissant de « nouveautés littéraires, de déjeuners avec ses amis, de parties de tennis, de soirées mondaines littéraires » où le tout-Paris se presse pour recueillir sa signature. Pour donner vie aux personnages épiques de La Maîtresse Italienne, l’Académicien a rédigé son manuscrit installé à sa table de travail, face à la mer, dans sa villa Corse, donnant sur l’horizon de l’Ile d’Elbe, face à l’Italie. Est-ce pour cela que ses personnages possèdent ce supplément d’âme, si caractéristique dans ses romans ?
Aujourd’hui je vous dévoile ma critique toute personnelle du nouveau roman de Jean-Marie Rouart en avant-première : La Maîtresse Italienne
Qui est la maîtresse italienne, celle qui contribua à faire échapper Napoléon de l’île d’Elbe ?
Alors que Napoléon est en exil sur l’Île d’Elbe (1814-1815), près des côtes italiennes, Jean-Marie ROUART, retrace les dernières semaines de l’ancien empereur avant son évasion. Grâce à une narration omnisciente, l’auteur dépeint un univers à l’atmosphère tantôt explosive et glamour, entre jeux d’alliances, guerres de clans, quête de pouvoir, trahisons, rivalités et passions. C’est dans ce contexte ressemblant à une poudrière que Jean-Marie ROUART installe son jeune héros : le colonel Neil Campbell, follement épris de la Comtesse Miniaci.
Utilisant la thématique de l’amour impossible, l’auteur nous offre un tableau illustré de mots, où Napoléon n’est pratiquement jamais cité. En effet, les références prêtent à sourire, comme dans un livre JK ROWLING, où le nom de Voldemort n’est jamais cité. Celui de Napoléon est remplacé par « le grand homme », « le grand exilé » ou encore « le proscrit ».
Comment expliquer la fascination que continue d’exercer 2 siècles après sa mort, ce «personnage légendaire », un « héros que dans les contrées les plus lointaines, on n’était pas loin de considérer à l’égal d’un dieu » ?
Napoléon inspire et fait couler beaucoup d’encre 202 ans après sa mort
C’est dans ce décor, en plein bouleversement historique, que le colonel Neil Campbell tombe amoureux fou de la belle et jeune Comtesse, Miniaci, « la coqueluche de Florence ». Courtisée par toute la haute société et l’aristocratie, elle embrase les cœurs. Son personnage sulfureux est nimbé de mystères, aussi nombreux que ses amants…
Cette romance historique comme venue d’un temps oublié est teintée d’une grande psychologie et sensibilité. On sent que l’auteur est un éternel amoureux des femmes. Fasciné par elles, il n’a de cesse de les mettre en scène, comme nous le confie l’auteur avec amusement : « J’aime décrire leurs toilettes, les fêtes somptueuses, les soupers animés, les intrigues amoureuses et la vie des courtisanes. Vous imaginez bien qu’à notre époque tout cela serait inimaginable ! »
A l’assaut du passé
Jean-Marie ROUART utilise le prétexte historique pour entrer dans l’intimité de ces hommes et de ces femmes aux destins hors-normes. Ainsi, le lecteur apprend que Napoléon Bonaparte rendait visite quotidiennement à « Madame Mère », que sur l’ile le vainqueur de Waterloo honni avait mis en place un véritable réseau de renseignements, pour éviter les tentatives d’assassinat. D’ailleurs la réflexion de Talleyrand, ancien Ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de France, illustre sans mal la crainte que « le grand homme » inspirait aux membres de l’ancien régime : « Lui vivant, nous ne serons jamais tranquilles ».
Heureusement que dans cet univers politique, où les empoisonnements et trahisons vont bon train, les incartades amoureuses de Napoléon avec la polonaise, Marie WALESKA, allègent la lecture.
Cependant, on s’interroge, car en fait derrière le titre de La Maîtresse Italienne se cache 3 destins : Napoléon, Murat et l’Europe en pleine construction. Au fil des pages l’héroïne s’efface pour laisser place à un destin qui est plus grand qu’elle, même si indirectement elle a contribué à l’évasion de l’Empereur.
Le descendant de Napoléon Ier, le Prince Joachim Murat lors de la remise du Trophée des Empires Prince Joachim Murat 2024, au Cercle National des Armées, pour le 14ème Salon de l’Histoire, organisé par Michelle et Alexandra ROSSI (Cocktail & Culture)
Ce livre très documenté est une pépite d’informations pleine de renseignements sur les différences sociales et ethnologiques, entre les mentalités bourgeoises et aristocrates. La première se distingue par des valeurs profondément humanistes, où les sentiments amoureux sont plus constants, et où la méritocratie est le moteur de destins hors du commun (comme l’ascension de Napoléon ou de Murat). Tandis que la noblesse, dont le pouvoir se justifie uniquement par la naissance, apparaît versatile, inconstante dans ses sentiments et muée par le désir de garder le pouvoir et de justifier leur emprise sur le peuple. On assiste alors à des alliances entre les grandes puissances et Maisons royales, comme les Bourbons, les Hasbourg ou encore les Stuart.
Ainsi l’auteur-observateur explore cette nouvelle littérature contemporaine : « les littératures de terrain ». Cette tendance actuelle offre une ligne narrative ténue entre réel et imaginaire, mobilisant des techniques qui relèvent habituellement des sciences humaines et sociales : enquêtes, fouilles d’archives, entretiens, immersion participante ou observante et recherches bibliographiques.
ROUART se fait le héraut contemporain « d’un homme qui a lui seul a envahi des milliards de cœurs, encore aujourd’hui, à travers la planète ». Ce roman haletant inspiré des aventures napoléoniennes, se lit d’une traite, comme le scénario d’un film sur la vie incroyable de Bonaparte !
Les amoureux de la langue française et de la belle littérature adoreront ce livre à l’histoire d’amour subtile, intemporelle et universelle. Du grand Jean-Marie ROUART, dans la lignée de Flaubert, Zola ou Hugo.
Cette sortie littéraire est la promesse d’une aventure enchantée !
Le livre de Jean-Marie Rouart, La Maîtresse Italienne, sort le 4 janvier 2024 aux éditions Gallimard
