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Humus

Sommes-nous faits d’humus et de sang ? 

Le nouveau roman de Gaspard KOENIG, Humus, raconte les paradoxes de notre époque. Sous sa plume incisive l’écrivain brosse le portrait de 2 étudiants en proie à l’éco-anxiété, qui se mettent en tête de changer le monde. L’un crée une start-up de vermicompostage et l’autre abandonne Paris pour la vie rurale. Dans quelle mesure, leur vision alternative de l’écologie, impactera-t-elle leur vie et le monde ? 

Par Estelle GUEÏ

Entre idéalisme et déterminisme 

Kevin est fils d’ouvriers agricoles et Arthur, un jeune bourgeois parisien, fils d’avocat, qui se rêve en agriculteur. Tous deux se rencontrent sur les bancs d’AgroParisTech, l’Institut National Agronomique. Une amitié étrange se noue entre les 2 garçons que tout oppose, mais que l’amour de l’écologie et des verres de terre réunis. Leur amitié sera mise à rude épreuve, lorsqu’Arthur arrêtera soudainement ses études, pour se consacrer à la culture des terres pleine de pesticides de son grand-père, à Saint-Firmin-sur-Ornela.

 

Humus, le nouveau roman subversif de Gaspard Koenig

 

Alors que son ami Arthur vit très difficilement son idéal d’agriculteur avec sa petite amie, Anne, refusant l’aide financière de son père, Kevin se laisse porter par la vie et les événements. Garçon au physique d’Apollon, il plaît aussi bien aux filles qu’aux garçons. Doté de prédispositions pour les études, il ne fait pourtant preuve d’aucune réelle ambition professionnelle. Cette absence de projection se traduit également dans sa vie privée décousue, où son absence de détermination le rend « pansexuel ». Englué dans une sexualité sans nom, sans forme et vide de sens, Kevin devient une carricature, une coquille vide « ne figurant pas dans le LGBTQIA+ (…) Kevin n’était ni lesbienne, ni gay, ni bi, ni trans, ni queer, ni intersexe, ni asexué. Il se glissait dans le +. Cette discrétion lui convenait bien ». 

A l’heure où la dégenrisation et l’inclusivité sont au cœur de tous les débats, le parcours sentimental de Kevin interroge sur une société clairement en perte de repères, où les individus les plus fragiles perdent pied, s’abîment et se perdent à une vitesse vertigineuse !

Gaspard KOENIG s’amuse ainsi à disséquer une vision fantasmée de Paris perçue par le regard provincial de Kevin, comme « une Babylone des nuits et des plaisirs, grouillante de vermisseaux insatiables » où toutes les sexualités et combinaisons possibles sont tolérées. Or, dans ses pérégrinations nocturnes pansexuelles, Kevin déchantera vite en constatant : « Les hétéros couchent avec des hétéros, les homos avec des homos. Ils se ressemblent et se comprennent. Mais les indifférents couchent rarement avec leurs semblables ».Confronté à la solitude des grandes villes, Kevin est tiraillé. Le lecteur ressent, impuissant, la frustration de l’anti-héros, englué dans cette « sensation diffuse de ne pas coller aux définitions, de ne pas accomplir ce qu’on attendait de lui ».

 

Les mains sales 

La sexualité, les non-dits, les mensonges et jeux de postures, tiennent une place prépondérante dans ce roman déstabilisant, qui de prime abord évoque le capitalisme vertla crise écologique et le mépris de classe.

 

L’éco anxiété est une réalité 75% de personnes sont effrayées par le futur

 

On ne peut s’empêcher de penser à l’écrivain André GIDE, qui tiraillé également dans une sexualité de façade, avait décidé de faire fi des apparences et de confesser son coming-out dans le subversif Corydon publié initialement en 1911 à petits tirages privés, puis en 1924 pour le grand public. Pratiquement un siècle plus tard, rien n’a changé. Le héros d’Humus vit dans un mensonge par omission si pesant, qu’il lui est interdit toute relation véritable !

 

Dans le roman Humus de Gaspard Koenig, les vers de terre sont aussi des héros malgré eux !

 

KOENIG fustige les incohérences « d’une écologie sans se salir »

où « le bobo aux mains lisses, soucieux de préserver notre terre commune mais dégoûté à l’idée d’y mettre les doigts, ne soulève jamais le capot où grouillent les lombrics ».  Les héros Arthur et Kevin ont conscience d’évoluer dans «l’hypocrisie d’une formation qui les encourageait à participer, selon eux, aux ravages sociaux et écologiques en cours »

 

L’écrivain Gaspard Koenig marque son retour au roman

L’auteur plante un décor où l’écologie suscite tous les émois. 

Des intentions aux plus louables aux plus fourbes et malhonnêtes.  Sur fond de lutte de classe un brin marxiste ou Nupes, l’auteur se joue des jeux de postures, des archétypes que nous pouvons croiser dans la vie de tous les jours, dans les salons ministériels, à la banque, au détour d’une start-up, en cours ou dans les manifestations de zadistes ! Un roman sans concessions.

Entre amours impossibles, insurrections écologiques, désespoir héroïque, comment ces 2 héros que tout oppose, vont-ils affronter les réalités du terrain ? Réussiront-ils à réinventer cette humanité si décriée ?

 

Quel est l’avenir de l’espèce humaine sur l’échiquier écologique ? La planète a toujours survécu…mais l’Homme ?

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