Barbie
Barbie, le film de l’année !
Si vous n’aimez pas le film Barbie, c’est que vous n’êtes pas humain ! Cette boutade résume l’esprit du film de Greta Gerwig qui nous fait osciller du rire aux larmes, avec candeur et philosophie ! Annoncé comme THE film de l’été, Barbie movie est bien plus qu’un blockbuster américain…
Par Estelle GUEÏ
Barbie, bien plus qu’une histoire de talons !
Cela faisait très longtemps que je n’avais pas vu un film où plus de la moitié de la salle est restée sagement assise sur son fauteuil rouge, sans broncher, écoutant religieusement la bande-son et lisant le générique jusqu’au bout. Même les enfants présents avec leurs parents ne s’agitaient plus, jusqu’à ce qu’une petite fille s’exclame : « Maman ! Il y a Léna Situations dans le film ! Elle fait la voix de l’une des Barbie ! Tu as vu ? ». La mère ne situant peut-être pas le personnage aux 4,2 M de followers sur Insta mis un certain temps avant de répondre à sa fille.
Visiblement muette par la vive émotion provoquée par ce film à la couverture médiatique tsunamiesque.
Pas un mot dans la salle, mais une émotion clairement palpable chez beaucoup de spectatrices nostalgiques de leurs Barbie.
L’enfance, justement, cette période étrange où le monde réel se soustrait au monde imaginaire. Tout semble alors possible dans nos petites têtes. C’est sur ce ressort que la créatrice de la marque Mattel a lancé en 1959 la poupée Barbie, un mannequin de 29cm, symbole de la femme moderne, puissante, émancipée, autonome et libre, capable d’exercer des métiers qui étaient auparavant réservés aux hommes.
Comment briser des millénaires de patriarcat ?
Grâce aux innombrables collections de Barbie aux professions toutes plus inspirantes les unes que les autres (aviatrices, journalistes, avocates, médecins, Prix Nobels, Présidentes…) des milliards de petites filles à travers la planète se sont projetées dans de brillantes carrières. Elles ont pu ainsi casser le plafond de verre qui les cantonnait au rôle ordinaire de mère au foyer ; de n’avoir pour seul horizon que le toit de leur maison, en attendant bien sagement, sur le pas de la porte, que leur mari rentre du boulot. Comme Blanche-Neige s’occupant de l’intendance des 7 nains. Certes, être mère au foyer est un noble métier (un emploi à plein temps), seulement, pour de nombreuses femmes modernes, la perspective de réduire leur statut biologique aux rôles de ménagères, cuisinières, épouses et éleveuses d’enfants est assez déprimant sur le long terme, lorsqu’on a des ambitions.
Ce changement de mentalité, de passer du poupon informe à la poupée filiforme, ne s’est pas fait sans heurt. En effet, dans une société où règne le patriarcat, la toxicité masculine et le machisme, difficile de trouver des repères clairs. Peut-être est-ce pour cela que 61 ans après sa création Mattel et Warner Bros se sont associés pour produire ce film hommage à 6 décennies de poupées aux plastiques de rêve et aux cerveaux bien remplis ?
Des enjeux sociétaux à la sauce Hollywood
Car au-delà du casting 4 étoiles (Margot ROBBIE et Ryan GOSLING), des visuals effects aux couleurs fluos, des dialogues parfois lunaires et mise en scène kitch, Barbie interpelle par sa lecture de notre monde contemporain où les hommes dominent l’espace public. L’héroïne, interprétée avec brio par Margot ROBBIE, s’exclame après une incroyable course-poursuite entre les 2 mondes virtuel et réel : « Le vrai monde est irrévocablement détraqué ! » Si Barbie le dit, c’est que même dans son sillage, Ken a changé, devenant un parfait macho antipathique car blessé dans sa virilité à force de se sentir « dénigré » par la gent féminine.
Il est intéressant de constater comment le film Barbie traite de questions sociétales de fond : la place de la femme dans nos sociétés modernes, l’égalité des sexes, l’inclusion, le féminisme, le patriarcat, le management d’entreprise où règne un leadership exclusivement masculin, l’au-delà, la condition humaine…
De nombreuses références littéraires et scientifiques émaillent le long-métrage. Notamment 2 clins d’œil littéraires assez inattendus à Stephen King et à son livre Shining, ainsi qu’à la Madeleine de Proust. Côté sciences, les amateurs du surmoi de Freud et des neurosciences apprécieront l’épisode de « la dissonance cognitive » pour « déprogrammer » les Barbie victime du joug patriarcal en plein cœur de BarbieLand !
Côté musique on se régale aux sons de Pink, du remix d’Aqua, Ice Spice, Nicki Minaj, Dua Lipa et son très dansant « Dance The Night » ou encore la balade inédite « What Was I Made For ? » de Billie Eilish.
Le film le plus attendu de l’été nous rappelle cependant que l’homme et la femme sont complémentaires et que le pouvoir de l’imagination est sacré
Un capital humain à préserver comme nous le rappelle la fondatrice de la marque Ruth HANDLER : « Grâce à l’imaginaire on s’émancipe ! »
Bien que le film soit un peu « too much », légèrement manichéen et ponctué de scènes musicales parfois étranges, on peut remarquer la volonté de la production de rendre le film Barbie intergénérationnel et inclusif, puisque toutes les origines sont représentées. Certaines Barbie sont handicapées, en surpoids et même des Ken paraissent efféminés. L’égalité des sexes est même abordée à travers une blague potache relative à « l’absence d’organes génitaux » chez Barbie et Ken. On peut reprocher les premières minutes de flottement, le temps de s’immerger dans l’univers très particulier et coloré de BarbiLand. Tout comme les blagues phalliques assez faciles ou l’humour juif délicieusement rock’n’roll : «certains de mes meilleurs amis sont juifs!»
Cependant, c’est fort dommage que la projection du film Barbie soit interdite au Vietnam et dans une partie des Philippines, à cause d’un passage à l’écran d’une carte du monde jugée « pro-Chine ». Un différend territorial qui crée des tensions même en Malaisie, en Indonésie et au Brunei.
Décidément, Barbie ne laisse personne indifférent !
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