Montmartre, Estelle Esther

Le 1^er recueil de poésie de notre Rédactrice en Chef, Estelle GUEÏ, alias, Estelle Esther, est sorti aux éditions Julien Négre : Montmartre ! Les rues, monuments et figures de la célèbre Butte l’ont inspirée au plus profond de son âme… 

Par Marie-Sophie de Saint-Pinson

Un prénom prédestiné : La Méguila d’Esther

Après s’être fait un prénom à Nantes, Estelle GUEÏ se fait un nom en arrivant à Paris. C’est ainsi qu’elle décide d’adopter comme nom de plume celui d’Estelle Esther au lieu de GUEÏ.

 

Un choix doublement symbolique en référence à son amour pour le judaïsme (elle parle le yiddish et l’hébreu) et au personnage du Livre d’Esther, figurant dans l’Ancien Testament. En effet, Esther, est l’épouse du roi de Perse, Assuérus, qui sauva le peuple Juif du royaume alors qu’un décret exigeait leur élimination. Elle révéla au roi sa judaïté qu’elle lui avait caché. Depuis, dans la tradition juive, Esther est vue comme un « instrument de la volonté de Dieu pour empêcher la destruction du peuple juif». La littérature l’a décrit comme une femme sage, patriote, courageuse, déterminée, prudente et belle.

En hébreu, le prénom Esther signifie à la fois « caché » et « étoile », en référence à sa beauté qui brille comme « une étoile de la nuit ». Esther est célébrée pendant la fête de Pourim, commémoration joyeuse rappelant les événements décrits dans le Livre d’Esther. En 2023 la fête de Pourim aura lieu du 6 au 7 mars.

 

Quand écrire est une mission 

Cette mission, l’autrice Estelle Esther semble l’avoir trouvée dans l’écriture. Un art qu’elle maîtrise depuis l’enfance, où elle participait et remportait déjà de nombreux concours d’écriture. Notamment de poésie, comme celui organisé par la Mairie d’Orvault, près de Nantes (44) alors qu’elle n’avait que 12 ans lorsqu’elle remporta la première place.

 

 

Plus tard, au collège, au lycée et à l’université catholique où elle fit ses études de lettres, ses textes furent souvent lus par ses professeurs aux élèves de classes supérieures. C’est tout naturellement qu’Estelle se lance dans le journalisme, une fois ses diplômes en poche ! Elle aiguise sa plume, son indépendance de ton et son esprit critique au sein de différentes rédactions de presse-écrite et audiovisuelle de sa région avant de « monter à Paris ». Pugnace, intrépide et créative, elle fera vite partie des éléments incontournables des rédactions où elle collabore.

 

 

 

Certains de ses articles susciteront même de vives polémiques dès le début de sa carrière de journaliste à Nantes, puis à Paris.

 

 

Éprise de liberté et de justice, Estelle dénonce sans fard les injustices et incohérences, prenant même parfois des risques. Car loin de se cantonner au journalisme de bureau, l’intrépide Estelle aime avant tout aller sur le terrain, à la rencontre des gens de tous milieux socio-culturels. L’humain et le sens de la justice font partie de son ADN. On retrouve cette quête de vérité et de sens à travers ses écrits, aussi bien poétiques que journalistiques…

Ses professeurs l’encourageaient à enseigner plus tard l’histoire ou le français, ou à poursuivre ses études aux Beaux-Arts, alors que ses parents voulaient qu’elle devienne avocate ou journaliste, mais « surtout pas peintre ou écrivain ».

Car comme le philosophe, essayiste et polémiste, Michel ONFRAY, Estelle Esther est aussi issue d’un milieu populaire

Son père lui assénait souvent : « on ne paie pas tes études en écoles privées pour peindre dans la rue ! » Sacrée ironie, quand on sait que son passe-temps préféré est de graffer sur les murs ou d’écrire des poèmes !

 

 

Amour & Poésie 

En poésie, Estelle Esther décrit avec simplicité et une naïveté désarmante, sa vision de la capitale lorsqu’elle arriva dans « le ventre de Paris » , pour reprendre l’expression si chère à Zola. Si le gras a laissé place aux ventres plats, il est indéniable que la capitale incarne toujours sous certains aspects, cette absence totale de cœur, d’empathie, de pitié ou de compassion pour les plus faibles. Comme nous l’a témoigné ce triste épisode avec le décès du photographe de renom, René ROBERT, décédé de froid en pleine rue de Paris, après avoir chuté. Écroulé au sol, pendant 9h, les passants l’ont frôlé dans l’indifférence la plus totale, alors qu’il n’était que 21h !

On sent au-delà des récits d’expériences vécues, que l’autrice cherche une quête libératrice

 

La poétesse Estelle Esther vécut à Montmartre, au 11 rue Véron

 

 

Ouvragé comme un journal intime, Montmartre fait partie de ces ouvrages intemporels qui jettent des ponts entre les générations, les cultures et les époques 

D’ailleurs, selon le philosophe et écrivain Daniel BERESNIAK : « Le poète est la voix inautorisée qui n’est pas sérieuse et qui jette des ponts et ouvre des passages au lieu d’élever des murs entre les registres et les catégories. Ces poètes existent dans toutes les langues et ils sont de tous les temps. Ils démystifient les mythes, en les dépoussiérant de commentaires moralisateurs et pontifiants dont les clercs les recouvrent et les reconnaissent tels qu’ils sont, tout simplement des récits d’expériences vécues à revivre, peut-être autrement. » 

 

 

Avec un romantisme assumé et une sensibilité à fleur de peau, Estelle Esther, plante de sa plume agile un « Paris-Montmartrois », où les figures mythiques de La Butte (Dalida, Verlaine, Gainsbourg, Edith Piaf…) s’entrechoquent dans le décor d’un Paris contemporain plus agressif, mais galvanisant.

 

 

Loin d’être technique, le recueil de poésie Montmartre se distingue par son authenticité et cette incroyable positivité qui se dégagent au fil des pages illustrées par la dessinatrice japonaise, Yoshiko TESAKI.

Sous la plume d’Estelle Esther tout fait sens. C’est dans les épreuves que son cœur vaillant donne le meilleur d’elle-même.

Montmartre est une belle leçon de courage pour apprendre à regarder la vie à travers d’autres lunettes. 

Témoin moderne de son époque, la poétesse Estelle Esther dépeint une société où l’homme et la femme sont alter-ego. Tout en fragilité, interrogations et duplicités.

 

Les femmes s’effeuillent dans la folie des bars de Pigalle, tandis que les hommes se mettent à nus sous le clair de lune d’une alcôve Montmartroise…

Lire Montmartre est un bain de fraîcheur qui rappelle le caractère éphémère et sacré de la vie…

 

 

Recueil de Poésie

Montmartre

Par Estelle Esther

Illustré par la dessinatrice Yoshiko TESAKI

24 pages, Collection Les Cahiers Inédits

https://juliennegreediteur.com/fr/home/106-montmartre-9791092464634.html