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« Serial Killer », une exposition discutée

By Sarah Gaudry

«  Serial Killer  », l’exposition glaçante sur les tueurs en série qui ne laisse personne indifférent

Depuis le 21 février dernier, les Galeries Montparnasse, dans le 15ᵉ arrondissement de Paris, accueillent une exposition fascinante et sordide sur les plus grands serial killers de l’histoire. Malgré son succès, son sensationnalisme est critiqué.

La coccinelle de Ted Bundy à l’entrée de l’exposition ©Sarah Gaudry

 

Dès les premiers pas dans la galerie, on peut observer la coccinelle de Ted Bundy, dans laquelle il enlevait ses victimes dans les années 70. La société italienne Italmostre, productrice de l’exposition, promettait une expérience immersive — et le pari est tenu. Le public est immédiatement plongé dans une ambiance horrifique et macabre qui donne le ton de la visite. Parcourant 2 000 mètres carrés de salles sombres, les visiteurs explorent l’esprit des tueurs en série du monde entier, plus ou moins connus, et les crimes atroces qu’ils ont perpétrés.

 

Une exposition qui s’étend sur 34 salles

Une multitude de portraits et d’informations sur le fonctionnement psychologique des tueurs tapissent les murs. Chaque tueur en série est présenté avec son profil psychologique, ses crimes, ses victimes et sa condamnation.

Charles Manson, Dennis Nilsen, Michel Fourniret, Jeffrey Dahmer et tant d’autres serial killers du monde entier sont décryptés.

L’exposition évoque des tueurs ayant agi seuls ou en couple, des meurtres récents comme anciens, mais aussi des affaires non résolues, comme celle du Monstre de Florence en Italie. D’autres salles se concentrent sur la médecine légale et les moyens utilisés par la police pour enquêter. C’est, en quelque sorte, une encyclopédie des tueurs en série.

 

La plus grande collection d’objets originaux

Le succès de cette exposition tient beaucoup aux objets présentés dans des vitrines tout au long du parcours. Appelés «  murderabilia  » (contraction de murder et memorabilia en anglais), ces objets liés à des meurtres ou à des tueurs en série sont souvent mis aux enchères à des prix extrêmement élevés ou exposés au public dans des musées spécialisés. La société de production a mis plus de dix ans à récolter près de 1 000 objets ayant appartenu à des tueurs en série. On y retrouve les lunettes portées par Jeffrey Dahmer, déjà bien connues du grand public, ainsi que des lettres, des vêtements ou encore des dessins réalisés par ces criminels.

 

Les lunettes portées par Jeffrey Dahmer ©Sarah Gaudry

 

Mais l’exposition va encore plus loin, jusqu’à la reconstitution détaillée de scènes de crime — pour le plus grand plaisir des amateurs de faits divers et de sensations fortes. Dès le début du parcours, une pièce est consacrée à Jack l’Éventreur et à ses victimes. Le public se retrouve face à la reconstitution d’une femme ensanglantée, allongée sur un lit. De quoi faire frémir les plus sensibles. Si certaines scènes de crime retournent l’estomac de nombreux visiteurs, l’immersion dans l’univers de ces tueurs est totale.

 

La fascination pour l’horreur

Aussi surprenant et sordide que cela puisse paraître, les serial killers sont devenus, ces dernières années, un sujet extrêmement attractif pour le grand public. Les plateformes de streaming se sont emparées de ces histoires sanglantes pour en faire des séries à succès comme You, Mindhunter ou encore la série Netflix retraçant le parcours de Jeffrey Dahmer.

De nombreux spécialistes se sont aussi penchés sur cette fascination que le public entretient pour ces personnages aux crimes monstrueux. En visitant cette exposition ou en regardant ces films et ces séries, la société semble chercher à se rassurer sur sa propre normalité face à l’inhumanité de certains.

C’est un sujet très attractif, puisqu’il renvoie à des principes fondamentaux de notre humanité.

 

Explications des crimes de Jack l’Eventreur ©Sarah Gaudry

 

Une exposition qui divise

Palpitante pour certains, malsaine pour d’autres, l’exposition «  Serial Killer  » fait du bruit et divise le public. La société italienne joue sur le côté sensationnaliste et unique de l’exposition pour inciter à la visite. Un parti pris qui ne passe pas inaperçu. Certains dénoncent une mise en scène glorifiant les tueurs en série, présentés comme des «  héros du mal  », leurs crimes comme des exploits, et leurs objets comme des trophées. Mais c’est aussi ce qui attire une grande partie du public. Pour d’autres, c’est une manière de rendre hommage aux victimes.

 

Un succès déjà bien entamé à Paris

Les visiteurs attendent à l’entrée de l’exposition ©Sarah Gaudry

Après Londres et Milan, l’exposition espère rencontrer le même succès à Paris. Quinze jours après l’ouverture, les lieux avaient déjà accueilli plus de 60 000 visiteurs. Pour un tarif allant de 23 à 27 euros par personne, il faut compter au moins 1 h 30 pour faire le tour de l’exposition — un temps parfois jugé trop court au vu de la quantité de textes proposés.

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