Cinéma : Thitia Marquez
Une Histoire de Cinéma
Actrice, réalisatrice et scénariste française, primée lors de nombreux festivals de cinéma, Thitia Marquez, possède à son actif 13 ans de carrière. Née à Montpellier, Thitia écrit et réalise depuis 2012. Rencontre avec une jeune femme déterminée et pleine de projets !
Par Estelle GUEÏ
C’est en tant que comédienne que Thitia MARQUEZ fait ses premiers pas dans la grande famille du cinéma. Passionnée d’écriture, en parallèle de ses castings, Thitia commence à écrire, puis à réaliser et à auto-produire. C’est ainsi que de nombreux courts métrages verront le jour : Un mal pour un bien, La chute dans l’obscur, Ma vie, Mon histoire, Lukas , Transaction et deux autres courts métrages pour le NIKON FILMS FESTIVAL 2017 et 2018 JE SUIS DEATH et JE SUIS VOTRE HEROS.
Loin de s’arrêter en si bon chemin, la jeune femme réalise une web-série, Alaric, écrite par Dimitri BAGOT. L’exercice est probant, la jolie brune se lance alors dans la réalisation de 2 longs métrages : Mon fils Malik et 2 Million Bro.
A force de pugnacité et de créativité, les créations de Thitia MARQUEZ sont sélectionnées dans de nombreux festivals étrangers et français dédiés au cinéma. Tels que le Festival Littérature et Cinéma, Polar 36 Quai des Cévennes ou encore le Montpellier Fait son Cinéma. En 2017 et 2018, Thitia sera sélectionnée au Nikon Film Festival, respectivement pour Je suis death et Je suis votre héros.
️Interview
Bonjour Thitia, on s’était déjà rencontrées lors du 75ème Festival de Cannes où tu étais en pleine promotion de ton film Mon fils Malik. Explique-nous-en quoi consiste le métier de réalisatrice ?
Bonjour Estelle ! Je conserve un très bon souvenir de ce festival de Cannes ! Pour moi la réalisatrice est le chef d’orchestre du film. Son rôle est de transmettre ses directives aux techniciens et aux acteurs pour façonner son œuvre cinématographique. Être réalisateur, c’est être responsable de la création du film, diriger les différentes étapes de la préproduction, à la post-production du film. Pour résumer, le réalisateur ou la réalisatrice de films, joue un rôle d’animation, en exerçant une responsabilité à la fois artistique, technique et financière.
Bande annonce du 1er long métrage de Thitia Marquez, un polar/thriller écrit par Dimitri BAGOT, « Mon fils Malik », sorti en salles le 24 novembre 2021, avec 20 sélections et 7 prix en festivals
Quelles études as-tu réalisées avant de travailler dans le cinéma ?
Au début j’ai commencé en tant que comédienne dans une troupe théâtrale « Les baladins du Fouguau » dans le Sud de la France. Ensuite, à Paris, j’ai intégré l’école « Académie de Stéphane Gildas ». Depuis toujours j’adorais écrire des histoires ! Je n’ai pas fait d’écoles ou d’études en tant que réalisatrice, mais à force d’assister à des tournages en tant qu’actrice, je me suis intéressée à la réalisation. C’est ce qu’on appelle se former en autodidacte. Grâce à cette école de la vie et du terrain, j’ai eu l’opportunité de commencer à réaliser mes propres films, puis en 2015 de fonder ma société de production « THE MAGIC FILMS ». Un an plus tard, désireuse de me perfectionner, j’ai suivi une formation « Réalisation et montage de films » chez CREAIMAGE
Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire du cinéma (un film, un acteur, un lieu, une anecdote…) ?
Depuis toute petite, les films de Steven Spielberg (E.T, Jurassic Park, Arrête-moi si tu peux…), James Cameron (Titanic, Avatar…), Tim Burton (Edward aux mains d’argent…), Robert Zemeckis (Retour vers le futur I II & III, Qui veut la peau de Roger Rabbit ? Forrest Gump…) et Luc Besson ( Léon, Taxi, Le 5èmeélément…) et pleins d’autres, me fascinaient.
Le genre de films qui ne sont pas forcément proches de la réalité, mais qui te font voyager (rires).
Je suis en admiration devant le pouvoir de création et d’imagination de ces réalisateurs aux genres bien différents. Leurs films sont sources d’inspiration. C’est pour cela que je veux continuer à faire voyager les spectateurs à travers mes propres créations, comme ces films m’ont fait voyager aussi.
Cette alchimie créatrice m’a donné envie de faire du cinéma !
Quelles sont les embûches et défis que tu as rencontrés pendant les 12 premières années de ta carrière ?
Faire un film ce n’est pas de tout repos. Que ce soit avec un gros ou un petit budget. Je dirai que chaque film est un défi, surtout quand c’est un film indépendant qu’on produit nous-même. Pendant mes premières années, j’ai dû affronter de nombreuses embûches, galères qui se sont révélés être des défis. Par exemple, la météo impacte les tournages. Malheureusement, dans ce cas, on ne peut rien faire à part changer un peu l’histoire et tourner à l’abri, ou reporter à une autre date…Les désistements de dernière minute d’acteurs, de techniciens impactent aussi le plan de travail. Tout comme les désistements, de lieux toujours à la dernière minute. A moi d’être réactive pour trouver une solution rapidement. Idem pour les accidents sur les tournages. Deux se sont déjà produits, dont un accident qui a provoqué l’intervention de policiers pendant le tournage d’une scène de braquage. Le second accident a été provoqué par la chute d’un acteur lors d’une scène dans les bois. Ces impondérables font partie de la vie des tournages de films. Avoir un bon mental et une bonne équipe pour surmonter les imprévus est indispensable !
Mais quand on est passionnée et qu’on arrive à surmonter tous les obstacles jusqu’au résultat final, toutes ces incidents restent des souvenirs et des anecdotes de tournage !
Le cinéma, est-ce ta seule activité ?
Oui c’est ma seule activité. Le cinéma est ma passion.
Bande annonce de la web série Alaric réalisée par Thitia Marquez avec ses deux associés et acolytes acteurs/producteurs inséparables : Dimitri BAGOT et Florian De TOMASI, déjà sur le film Mon fils Malik. C’est d’ailleurs Dimitri BAGOT qui a écrit le scénario
Parle-nous des films que tu as réalisés jusqu’à maintenant ?
J’ai réalisé 9 courts-métrages, une web série et 2 longs métrages. Dont un, en cours de montage. Je ne reste pas bloquée sur un genre de film. Si une histoire me plaît je fonce ! J’ai déjà réalisé un film d’action/thriller/polar, une comédie, des films sociaux sur le harcèlement scolaire ou contre l’homophobie, des films fantastiques et de science-fiction. Certains films je les ai produits seule, en indépendante ou avec mes deux acolytes, Florian De Tomasi et Dimitri Bagot.
Dans mon ordinateur, plusieurs scénarios sont toujours en standby ou en cours d’écriture.
Des projets qui attendent d’être réalisés (rires). Je ne manque pas d’imagination et de créativité !
4 Mots qui symbolisent ta vision du cinéma ?
Magie. Divertissement. Voyage et imagination…
En tant que femme Réalisatrice, quels conseils donnerais-tu aux amateurs de cinéma pour réussir ?
Les seuls conseils que je puisse donner, c’est de croire en soi et à ses projets, bosser à fond, être passionnée, ne rien lâcher et être persévérante !
Tu écris aussi les scénarios de tes propres films. Comment perçois-tu l’analyse de l’acteur et scénariste, Franck DUBOSC : « Sans travail d’écriture, il n’y aurait pas de films, ni de spots publicitaires, de pièces de théâtre ou de sketchs humoristiques » ?
L’analyse de Franck DUBOSC est entièrement fondée. Ce qui fait un bon film, c’est avant tout la qualité du scénario et son histoire. Sans scénario il n’y a pas de film. La base d’un film, c’est son histoire. Et donc l’écriture du scénario.
Comment réagis-tu face aux scénaristes qui craignent pour leur métier, face aux IA génératives ? Ton métier est-il remis en question ou cohabites-tu avec l’IA pour rédiger certains de tes scénarios ?
Je comprends les inquiétudes des scénaristes face aux avancées de l’IA, qui peuvent sembler menacer la profession. Toutefois, je pense que l’IA doit être vue comme un outil complémentaire, utile pour des tâches comme la relecture ou la traduction. Pour ma part, je l’utilise principalement pour les corrections orthographiques et la traduction en anglais.
La créativité, l’émotion et l’imagination restent le cœur du métier, des qualités profondément humaines qu’aucune machine ne peut remplacer. C’est pourquoi il est essentiel de défendre et de valoriser la vision artistique unique que seuls les scénaristes peuvent offrir !
Où puises-tu tes inspirations pour écrire tes scénarios de films ?
Je m’inspire de ma vie, des expériences personnelles, des films et séries que je regarde. Ensuite, avec mon imagination, les histoires se créent…
Cite 3 femmes réalisatrices qui t’inspirent et te donnent de la force ?
Les 3 réalisatrices qui me viennent à l’esprit sont : Sofia COPPOLA, Maïwenn et Julia DUCOURNAU. Dernièrement, j’ai aussi découvert la réalisatrice Coralie FARGEAT grâce au film The Substance. Une pépite.
As-tu un rituel particulier pour écrire ? Quel est ton process créatif ?
Je n’ai pas de rituel particulier. Les idées arrivent naturellement, puis je les peaufine avec mon imagination. Souvent je m’aide avec de la musique, ça m’inspire. Pour écrire j’ai besoin de m’isoler. Qu’il n’y ait personne à côté de moi, pour que je reste concentrée.
Quels acteurs et actrices rêverais-tu de diriger ?
Je rêverais de diriger Jean Reno, Marion Cotillard, Morgan Freeman, Vincent Cassel, ou encore Scarlett Johansson … et pleins d’autres talents aussi !!
Actuellement tu travailles sur 2 nouveaux projets. Partage-nous quelques infos !
Un nouveau projet est en cours d’écriture. Pour le moment je ne peux pas en parler. Tu en auras la primeur le moment venu. Pour le second projet, il s’agit d’un long métrage (2 MILLION BRO) écrit avec mes 2 acolytes Dimitri Bagot et Florian De Tomasi. C’est une comédie et action hilarante en anglais. Nous avons tourné l’été dernier dans le Sud de la France, à Montpellier et aux alentours, à Valergues, à Mauguio… L’objectif est d’exporter notre travail à l’étranger. C’est pour cela qu’on a choisi de le tourner en anglais. Le film est toujours en cours de post prod montage. Les acteurs principaux sont Florian De Tomasi et Dimitri Bagot, avec Sabrina Stella Martello en personnage principal féminin.
Depuis l’affaire Weinstein et Depardieu en France, comment le monde du 7ème art a-t-il changé de comportement vis-à-vis des femmes ?
Les choses commencent enfin à bouger. Il était temps ! Je ne tolère pas ce genre de comportements abusifs.
Les personnes toxiques doivent être sévèrement punies et ne doivent plus exercer dans le 7ème art.
Comme l’actrice et productrice Judith GODRÈCHE, as-tu été confrontée à ce type de situation décrite dans la série Icon of French Cinéma ?
Personnellement je n’ai pas vu la série, mais j’ai compris le sujet en regardant la bande annonce et en lisant le synopsis. Je n’ai pas vraiment été confrontée à ce type de situation, mais j’ai déjà rencontré des producteurs, réalisateurs et agents artistiques qui ont essayé. Heureusement qu’ils ne sont pas tous comme ça. Il ne faut pas généraliser ! Ce genre de comportement est bien évidemment inadmissible. Ils abusent de la naïveté des jeunes filles ou des jeunes garçons, dont la plupart sont mineurs, parce qu’ils ont un certain statut ou pouvoir. C’est courageux d’en parler car il faut que cela change !
C’est compliqué d’être une femme dans le milieu du cinéma car on ne te prend pas au sérieux. Certains essayent toujours d’en profiter !
Quels souvenirs conserves-tu de ta première Montée de Marches ?
J’en garde un très bon souvenir, car j’ai une petite anecdote (rires). De base, le jour où j’ai fait ma première montée des marches, ce n’était pas prévu. C’était en 2010. J’étais en vacances avec une cousine et on se promenait dans la ville de Cannes. Au moment où on passe devant Le Palais des Festivals, une dame nous offre deux invitations à la montée officielle de 22h. Au moment de faire la montée, nous nous prenions en photo sur le tapis rouge avec nos portables, à l’époque, c’était autorisé. Puis une personne qui était pressée nous double et me bouscule sans faire exprès en m’effleurant le visage avec son écharpe.
C’est quelques instants après, que j’ai réalisé que c’était Tim Burton. Il était le Président du Jury et il était pressé pour la projection. Je m’en rappelle comme si c’était hier !
Filmographie :
- 2 MILLION BRO (long métrage en cours de montage)
- ALARIC (web-série) Saison 1 – 10 épisodes.
- Mon fils Malik – 2020/2021 / 1h45mn
- Je suis votre héros – 2018 / 2mn20 (Nikon Film Festival 2018).
- Transaction – 2017 / 4mn (Inshort Film Festival 2018, Nigéria).
- Lukas – 2017 / 11mn (Miami Epic Festival 2017, Caribbean Festival 2017, AFC Global Festival India 2017).
- Je suis DEATH – 2016 / 2mn20 (Nikon Film Festival 2017).
- Ma vie mon histoire – 2015 / 16mn (Short Film Corner Festival de Cannes 2015, Festival Chéries, Chéris 2015, Outwest Film Fest 2017 Nevada).
- La Zlatana – 2014 / 20mn.
- La chute dans l’obscur – 2013 / 15mn (Short Film Corner Festival de Cannes 2013).
- Un mal pour un bien – 2012 / 27mn.