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Santé : La Bipolarité

Déconstruire la maladie mentale 

Que signifie réellement vivre avec une étiquette de bipolarité ?
Comment le lien entre patient et thérapeute peut-il influencer le processus de reconstruction personnelle ? Quel regard collectif portons-nous sur la santé mentale ? La courageuse révélation de Nicolas Demorand sur sa bipolarité met enfin des mots sur une maladie mentale, qui ne devrait pas être honteuse. La rédaction de KissCity Mag casse également « le mur de la honte ».

Par Estelle GUEÏ

 

 

Malade mental et alors ?

Les maladies mentales ne devraient pas être tabou. Grâce au poignant témoignage à cœur ouvert de Nicolas DEMORAND publié dans le journal Le Point (27 mars 2025), le coprésentateur de la matinale de France Inter a brisé les préjugés sur la bipolarité.

 

Nicolas Demorand a livré au journal Le Point un témoignage poignant sur sa bipolarité, pour casser les préjugés sur la maladie mentale.

 

Car en France 13 millions de personnes sont atteintes de ce trouble, soit 2,4 % des français(e)s diagnostiquées. Entre errance médicalestigmatisation des malades et le manque de formation, vivre aujourd’hui avec un trouble bipolaire est un vrai parcours du combattant même si les choses changent.

En effet, cette maladie jugée handicapante par l’OMS, effraie les patrons qui redoutent la perte d’efficacité et de productivité de leurs employés. Certains sont mis au placard sans ménagement après avoir fait leur coming-out bipolaire. Plongés dans une situation douloureuse, honteuse, les patients oscillent entre les phases de high et de down.

 

20 % des arrêts de travail de longue durée sont causés par les troubles psychiques selon Assurances maladie.

 

Alors bien souvent, la rupture avec le monde du travail, provoque de véritables drames humains, dans un contexte où seulement 20 % des personnes souffrant de handicap psychique sont en poste. C’est deux fois moins que pour d’autres types de handicaps reconnus en France. Les chiffrent donnent le tournis : 62 % du public concerné a dû interrompre ses études, et 49 % des personnes atteintes de bipolarité, estiment que l’accès ou le maintien dans l’emploi, est un droit encore difficile d’accès…

 

L’errance médicale des patients est un calvaire alors que 29,3 % des étudiants ont des idées suicidaires selon Santé publique France.

 

Le même malaise est partagé également du côté des professionnels de santé, puisque la psychiatrie est une discipline délaissée par les étudiants, au même titre que la gériatrie.

La filière psychiatrie souffre. En 2024, 13 % des postes d’internes étaient vacants, alors que 20 % des adultes sont ou seront concernés par la psychiatrie. Comment déclencher des vocations ?

Comment recevoir les patients atteints du trouble bipolaire sans préjugés ? Quels sont les facteurs à risques ? Quelles sont les méthodes pour maintenir une santé optimale malgré la maladie ? Pourquoi devenir secouriste en santé mentale sauve des vies ? Comment contrer la détresse psychique ? 

 

Une exploration profondément enrichissante dans la psyché humaine grâce aux livres

A la rédaction de KissCity Mag, où la neurodiversité est notre fer de lance, nous nous sommes intéressés au sujet à travers la littérature scientifique. De nombreux livres permettent d’aider les personnes atteintes de bipolarité, leurs familles et les aidants, pour mieux les accompagner.

« Comment rendre palpable la complexité d’une maladie aussi stigmatisée que la bipolarité ? » 

C’est à partir de cette interrogation que le psychanalyste et psychothérapeute, Rodolphe OPPENHEIMER, a écrit le livre Vous n’êtes peut-être pas bipolaire. L’auteur partage au lecteur un dialogue authentique entre une patiente et son thérapeute. Une perspective inédite, qui offre un témoignage épistolaire intime, subtile, sur les difficultés que rencontrent aussi bien le médecin, que la patiente, face aux parcours de soins. 

 

Le psychologue Rodolphe Oppenheimer et Anne-Charlotte Laugier partagent leurs retours d’expériences entre thérapeutes et patients dans le livre Vous n’êtes peut-être pas bipolaire…

 

Le livre de Rodolphe Oppenheimer explore la réalité pathologique de la bipolarité, souvent mal comprise et perçue comme une tare par le malade et par son entourage.

Car comme le souligne Boris CHAUMETTE, psychiatre au GHU Paris Psychiatrie et Neurosciences de l’hôpital Sainte-Anne : « avoir un support social, éviter les environnements stressants et être informés sur les risques liés à la consommation de cannabis et d’alcool chez les patients atteints de bipolarité, permet de récupérer. » 

Même constat du côté de la Fédération Santé Mentale France et de l’UNAFAM, qui soutiennent depuis 2019 l’association PSSM France, dans son programme de formation massive pour apprendre aux citoyens lambda, à porter assistance aux personnes en souffrance psychique.

 

 

Initialement créé en 2000, en Australie, le programme Mental Health Fisrts Aide, est présent dans 29 pays. Depuis 6 ans son pendant français forme en 2 jours les participants pour qu’ils apprennent à détecter les situations suicidaires. Notamment à poser des questions parfois dérangeantes, mais qui sauvent des vies, comme : « Voulez-vous mourir ? » Si la personne répond par l’affirmative, alors le secouriste appelle le 15 en urgence et reste sur les lieux, jusqu’à l’arrivée des secours. L’objectif de PSSM France est de former 750 000 personnes d’ici à 2030. 

 

Quels sont les symptômes de la bipolarité ?

Aujourd’hui, en France, 186 601 secouristes en santé mentale ont été formés par l’association PSSM France.

Connaître les gestes et les paroles qui sauvent, est une urgence de santé publique, dans un pays où le suicide cause près de 9 000 victimes par an. Soit un des taux les plus élevés d’Europe. 

L’objectif de l’association PSSM France est de former 750 000 personnes d’ici à 2030. 

 

Démolir les préjugés

Aujourd’hui la tendance est à démolir les préjugés sur les maladies mentales ou sur la neurodivergence. Dans ce courant, l’auteure de Femmes Hors des Normes, Anne-Valérie ROCOURTaide les femmes atypiques à trouver leur place dans une société parfois trop normée, codifiée. Ne pas rentrer dans les cases, penser out of the box, afficher sa différence, ou plutôt l’assumer, n’est pas facile quand 95 % de la société française est neurotypique

Auteure, femme entrepreneure, mère et épouse, Anne-Valérie ROCOURT, s’est longtemps intéressée aux parcours chaotiques des personnes issues de la neurodiversité. Comme les autistes, les HPI, les dyslexiques, les hypersensibles et autres troubles divers…

 

La coach en développement personnel, Anne-Valérie ROCOURT, aide les femmes atypiques à trouver leur place dans une société parfois trop normée, codifiée.

 

Avec beaucoup d’humanité, elle brosse les portraits de femmes qui se sont « guéries » grâce à la voix de l’entrepreneuriat. Une façon de conquérir sa place malgré leur sentiment d’imposture (syndrome de l’imposteur), leur sens du perfectionnisme poussé à outrance, la peur de manquer d’argent, l’angoisse d’être rejetée, et toutes ses oscillations émotionnelles poussées à l’extrême.

Plus qu’un énième livre de développement personnel, Femmes Hors des Normes partage des concepts business par le biais des récits très personnels, alternant réflexions profondes et épopées comiques.

Ces 2 livres ne guériront pas de la maladie mentale, mais elles réconforteront et apaiseront les esprits angoissés ; Les personnes s’auto-censurant sur leur capacité à rebondir ; À créer de la beauté ou à relever des défis ! Comme l’a fait Nicolas DEMORAND, en témoignant sur son trouble bipolaire, dans son livre choc, Intérieur Nuit (Les Arènes).

 

 

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