Un Parfait Inconnu
Un Bob Dylan plus vrai que nature !
Timothée Chalamet crève littéralement l’écran en endossant le rôle de Bob Dylan dans le biopic « Un parfait inconnu » réalisé par James Mangold.
Par Estelle GUEÏ
Un rôle taillé sur-mesure pour Chalamet
On ne peut que saluer la performance bluffante de Timothée Chalamet dont la prestation a capella de « Blowin’ in the Wind » sur les réseaux sociaux est devenue virale.
Un jeu d’acteur ahurissant et tellement naturel, qu’on oublie que Bob Dylan a réellement existé sur la scène folk des années 60’s.
Le rôle de l’homme aux 55 albums et détenteur du Prix Nobel de Littérature, semble être taillé sur mesure pour lui !
Plus qu’une icône mode ou gueule d’ange, Chalamet a remporté ses galons d’acteur haut la main. A l’instar d’un Brad Pitt ou Tom Cruise à leurs débuts, Timothée construit déjà sa légende cinématographique à 29 ans.
On ne peut qu’être époustouflé(e) par cette saisissante interprétation du jeune Bob Dylan, (alias Robert Zimmerman),arborant une casquette, des mitaines et sa guitare en bandoulière, pour parcourir les routes d’une Amérique post-ségrégationniste. On suit son ascension, alors qu’il vient de quitter, sans un dollar en poche, une troupe de cirque. Bob Dylan se donne corps et âme pour vivre son rêve : devenir chanteur.
Inspiré du livre du journaliste musical Elijah Wald, Dylan Électrique, le film Un Parfait Inconnu retrace cette période où l’Amérique était divisée et à l’aube de changements sociologiques. Bizarrement, certaines phrases issues du biopic résonnent à nos oreilles de façon actuelle. En effet, Bob incarnait le point de bascule, l’équilibre dans un monde en plein bouleversement, répétant à l’envie : « Le monde est en train de changer ! »
D’ailleurs, son manager, Albert, aura bien compris la particularité de son protégé, pris dans une vive polémique entre les puristes de la folk acoustique et ceux de l’électrique. Pour couper court au débat, par exemple celui-ci lancera au fondateur du Festival de Folk de Newport : « Tu fourgues des bougies, alors que Bob vend des ampoules ! »
Dans le manège de Bob Dylan
Il s’agit d’une des nombreuses controverses qu’affrontera, Bob Dylan au cours de sa carrière de musicien.
Ses textes engagés, son folk aux riffs de guitares électriques, ses cheveux dans le vent, symbolisent déjà la naissance d’un nouveau monde.
On suit donc l’ascension fulgurante de cette présence magnétique, à la voix singulière, qui se balade, guitare au vent, dans le quartier branché de Greenwich Village, sans un dollar en poche et le ventre creux.
Admiratif de la poésie contestataire du chanteur Woody Guthrie (Scoot McNairy), alors hospitalisé, Bob Dylan le rencontrera à son chevet. Cette rencontre le mènera vers le chemin de son futur protecteur : Peter Seeger (Ed Norton), un défenseur acharné de la folk tradi.
Des rencontres majeures contribueront à la personnalité légendaire du jeune Bob Dylan. Comme sa future muse, la peintre, Sylvie Russo (Elle Fanning) rencontrée dans une église où il chantait. Ou encore la chanteuse Joan Baez (Monica Barbaro), dont il tombera amoureux.
D’autres figures mythiques du rock apparaissent à l’écran. Telles le ténébreux Johnny Cash, avec qui Bob Dylan entretiendra une relation épistolaire « aux lettres nourrissante » pour les deux artistes. Frère spirituel, Johnny Cash mettra en garde Bob Dylan des effets dévastateurs de la célébrité, qui arrive sans crier gare, à l’image d’un torrent.
D’ailleurs Bob Dylan affrontera une tempête médiatique et un succès mondial auxquels il n’était pas préparé. A l’instar de nombreuses vedettes appartenant désormais au fameux club des 27 (Jim Morrison, Janis Joplin, Kurt Cobain, Amy Winehouse, Jimi Hendrix, Brian Jones…) Fort heureusement, Bob Dylan a su entretenir la flamme créative et se préserver du star-system, de l’influence des majors pour conserver sa « liberté », aidé de son ami, le musicien Neuwirth.
A travers ce magnétique biopic on (re)découvre la vie intime mouvementée, les introspections et la transformation progressive de la rockstar. Certaines phrases du film révèlent la profondeur et la sensibilité de l’artiste : « Ne demande pas la lune, nous avons les étoiles ! » ou encore : « En cette période troublée, trouvez quelqu’un à aimer ».
Mon impression toute personnelle :
Un Parfait Inconnu est bien parti pour rafler dans quelques jours, l’Oscar ! Une performance qui lui vaut une nomination aux Oscars, d’autant plus que le film s’avère à la fois ambitieux et authentique.
Un Parfait Inconnu de James Mangold. Avec Timothée Chalamet, Monica Barbaro et Ed Norton. Durée 2h20.