Épisode 5 : Festival de Cannes
Première Montée des Marches du Festival de Cannes
Entre réalité et fiction, les 2 héroïnes, Esther et Julie, évoluent dans le milieu de l’influence, du cinéma et de la mode. Des dialogues désopilants, des personnages plus vrais que nature, une écriture visuelle, « Le Journal d’Esther » est digne d’un scénario Netflix. Glamour, coquin et à la fois profond, la GenZ et les Millenials adorent ! Voici le dernier épisode tant attendu !
Par Estelle GUEÏ 📸 Photos de Gilles et Jérôme KYRIACOS©️
7h30 : Sur les Feux de la Rampe
Au lendemain de la soirée « I Success Billionaire » à Super Cannes, qui a rassemblé les Who’s Who d’Italie, de Monaco, des États-Unis et des pays du Golfe, le réveil s’avère douloureux. La tête en vrac, et encore pleine de bulles de champagne, je tente de rassembler le puzzle. Nous ne sommes pas loin de Very Bad Trip, les substances illicites en moins.
Dans mon for intérieur, je me félicite d’adopter au quotidien la discipline du « Mens sana in corpore sano » (*un corps sain dans un esprit sain) et le mantra si cher à Pline l’Ancien : « Nulla dies sine linea » (*pas de jour sans une seule ligne) pour préserver, dans ma folie douce, un semblant de pragmatisme et d’hygiène de vie.
Issue d’une famille de sportifs et d’intellectuels, je mesure l’importance de préserver mon capital santé mentale et physique, même si comme toute jeune femme d’aujourd’hui, j’aime exulter, expérimenter et kiffer la life !
Alors que je suis encore endormie dans les bras de Morphée, dans le lit King Size de la chambre d’hôtel, la sonnerie de mon Iphone retentit de la salle de bain. Un rapide coup d’œil sur ma montre posée sur la table de chevet, m’indique qu’il est à peine 8h… Je grimace, car sans mon rituel d’eau tiède citronnée et jogging du matin, mon cerveau est encore embrumé…Un peu chancelante, je m’extirpe du lit moelleux pour reprendre pieds avec la réalité. Le carrelage froid de la salle de bain me reconnecte immédiatement aux choses prosaïques.
Comment organiser ma journée ? Quelles seront les priorités du jour ? Car lors du Festival de Cannes tout part en couquinettes ! Une sensation accentuée sous l’effet de l’euphorie générale contagieuse ; la peur de passer à côté de THE soirée ; la volonté de voir et d’être vu(e) près des peoples, pour en mettre plein la vue sur les réseaux sociaux ; les faux-ami.e.s en quête de contacts prêts à vous coller comme des sangsues….
Bienvenue dans le monde merveilleux des strass et des paillettes. En avoir conscience permet, comme à L.A, de préserver ses ailes, sa tête, son énergie, pour se frayer un chemin dans la jungle des wannabe du star-system !
Sur la tablette du superbe meuble de salle de bain, au style baroque, au-dessus de la vasque aux nervures marbrées, l’écran de mon smartphone affiche la tête du Zèbre. Le visage souriant, la mèche blonde lui barrant son front intelligent et un polo assorti à ses yeux bleus, Zèbre apparaît dans toute sa splendeur.
Mon corps et mon esprit se languissent déjà de mon homme, même si cela fait à peine 10 jours que j’ai pris mes quartiers à Cannes. Dans un décor dominé par le ciel bleu de la Côte d’Azur, alors que Zèbre doit être sous le ciel gris de Paris, au siège de sa société d’édition dans le 7ème arrondissement…Avec amusement, je repense à ses tendres recommandations avant mon départ dans le Sud :
« Mon Chat-Zébré, pense que tu t’échappes de Paris au bon moment. Toi qui détestes le bruit des travaux pour la préparation des JO et les bains de foule, dans le Sud tu vas pouvoir respirer l’air pur de la mer et écrire de tout ton saoul ! Je te demande juste une chose : vis aussi intensément que si nous étions tous les deux. Patte contre patte, à nous balader sur le Pont des Arts, à flâner dans les rues de la Butte Montmartre ou à visiter un nouveau musée ! »
Une pointe de chagrin m’assaille à l’évocation de notre « Rituel du Vendredi » où nous avions l’habitude de choisir ensemble une expo pour nous « créer des souvenirs ».
Pourquoi les histoires d’amour sont-elles aussi difficiles quand on s’appelle « Zèbre » et « Chat-Zébré » ?
Comme si notre neuro-atypie se jouait de l’aspect ordinaire de la vie. Voulant la complexifier, la challenger, l’éprouver dans les moindres parcelles de nos neurones, de notre corps et de notre âme. Vivre puissance mille des émotions positives, comme négatives. Vivre avec intensité et parfois dangerosité.
Mettons-nous notre couple en danger ? Éprouvons-nous la force ou la faiblesse de notre amour ? Car je sais qu’après le Festival de Cannes je resterais encore quelques mois dans le Sud de la France…Comme un roc, j’essaie de faire fi de toutes ces spéculations, tel le joueur de poker devant sa table, contrôlant sa peur ou son excitation pour ne pas atteindre le « tilt ».
« Wait and see, Esther » pensai-je. Je suis détachée et concentrée sur mon objectif : « Réaliser un putain de reportage immersif sur le Festival de Cannes et monter les célèbres Marches sous les crépitement des flashs ! »
Rasséréné d’un coup, je prends connaissance du message WhatsApp matinal, dont seul le Zèbre a le secret :
La riposte ne se fait pas attendre. Avec dextérités, comme mués d’une vie autonome, mes dix petits doigts pianotent une réponse digne d’une poétesse, s’affranchissant de toute convention :
Un émoji riant et une courgette gorgée d’eau de pluie s’agitent en retour sur l’écran. L’avant dernière-journée du Festival de Cannes promet d’être rock’n’roll !
Un rapide coup d’œil à ma montre me rappelle qu’à treize heure trente je dois déjeuner avec l’attachée de presse, Nausica, et l’un de ses prospects parfumeur au sein d’une plus anciennes maisons de France, au restaurant de plage très sélect, Le Miramar. Ce qui me laisse le temps d’enfiler une paire de basket, un short en coton et une brassière à zip noire pour faire 1h de cardio le long de La Croisette direction Mandelieu-la-Napoule, loin de la foule. Je trépigne déjà d’impatience en enfilant mes baskets et imaginant la sensation des embruns marins sur ma peau dorée …Le matin, c’est le meilleur moment pour courir, s’étirer en pleine nature avec le bruit du ressac en arrière fond !
9h30 : Mise en conditions physique avant le Grand Soir
Après avoir couru quelques kilomètres, mon téléphone mis sur vibreur pour mieux profiter de cette parenthèse sportive, rappelle son existence. Au bout du fil, la voix de mon amie Nausica résonne :
– Ma chéééériiiiieeee ! Qu’as-tu prévu avant notre déjeuner ? Tu sais que je compte absolument sur ta présence ! Je vais te présenter le plus ancien parfumeur de France ! Et comme je sais que tu es un puits de sciences, tu vas adorer son côté histoire de France ! Il faut absolument que tu sois là et à l’heure !
– Nausica…N’en fait pas des caisses non plus ! Un puits de sciences ? C’est vrai qu’enfant mon surnom était « NypoDico » mais depuis de l’eau à couler le puits c’est épuisé au contact de la superficialité, dis-je dans un grand éclat de rires
– Ce que j’adore chez toi Esther, c’est ta modestie !
– Ce que je déteste chez toi, Nausica, c’est ton côté RP-Lèche-boules. Depuis le temps qu’on se connaît, pas besoin de faire des ronds de jambes avec moi ! L’authenticité et la vérité sont les meilleurs langages. En plus tu as ces qualités aussi. Sinon nous ne serions pas amies.
– Ok, ok, on ne te l’a fait pas. Je sais. Bon, écoute, j’ai appris grâce à Julie que tu faisais ce soir ta PREMIÈRE Montée des Marches
– Oui, répondis-je avec méfiance
– Qui t’habille pour ce grand moment ? Tu vas passer dans la presse. En tant que Créatrice de Contenus et Influenceuse, Luxe & Lifestyle, tu dois être impeccable, Esther ! Pas en tomboy, en look grunge-post-punk ou bobo. Sur le red carpet : only paillettes, ma belle ! s’exclame-t-elle avec des trémolos dans la voix. Pour un peu je la croirais prête à recevoir l’Oscar de la pire actrice mytho. Je réfléchis silencieusement à un uppercut.
– Super pour mon look dégueulasse Nausica ! Cela ne m’empêche pas de faire des centaines de milliers de vues sur TikTok et Insta auprès de la Gen Z et des Millenials. Sans compter les Boomers qui me suivent aussi sur Facebook et Linkedin ! Mon style, c’est ma signature.
– Oui, je sais. D’ailleurs je te félicite pour ton post TikTok qui a cartonné : 275,1K en à peine 24 h !!! Tu as eu le flair en filmant la montée d’Artus portant le jeune Sofian Ribes. Toi aussi tu as ce « p’tit truc en plus » !
– En tant que jeune femme issue aussi de la neuro-diversité, je trouve ta blague très limite Nausica, dis-je en faisant semblant de m’offuser. Bon, ok. C’est quoi ton plan du jour ?
Elle m’explique alors qu’elle voudrait me présenter à Emma, une attachée de presse collaborant avec un styliste, dont le show-room habille des influenceuses. Dubitative, j’accepte de la rejoindre un peu plus tôt que prévu.
Installée dans un des nombreux hôtels de luxe de Cannes, le show-room d’Emma ressemble à une ruche, où mannequins, influenceurs, coiffeurs, maquilleurs et photographes se pressent. Côté vestimentaire, je sens que mon look « rétro », robe poussin en coton à volants et bretelles élastiques, ornée d’un joli chapeau de paille blanc à ruban, plait moyennement à Nausica. Prestement elle enlève mon couvre-chef. « Pas de ça ici, Esther. Le chapeau, on le met quand il fait soleil ! »
Décidément, ma quête de simplicité, de retour aux sources, se fond moyennement avec le bling-bling du Festival de Cannes… Mon sentiment d’être « décalée » s’accentue encore plus lorsque la fameuse Emma me regarde de haut en bas avec un dédain à peine affiché. Elle entraîne Nausica près d’un paravent juste au moment où je l’entends distinctement prononcer un constat sans appel concertant mon look : «Non. Elle ça ne va pas être possible. Je ne l’habille pas !»
Nausica s’offusque lui expliquant que je suis une Créatrice de Contenus parisienne aux centaines de milliers de followers, spécialisée en Luxe et Lifestyle, qui a interviewé de nombreuses personnalités du PAF. La quinquagénaire aigrie (qui n’est pas à son premier bashing comme je l’apprendrai plus tard d’une autre persona non grata de son show-room car elle n’avait pas la bonne taille, le bon poids, la bonne chevelure, ou la bonne figure) renifle et me regarde du coin de l’œil comme si elle souhaitait ne plus me voir dans son champ de vision.
Heureusement qu’un mannequin, Kayra, moulée dans une magnifique robe or et noir à paillettes, me prend sous son aile et me réconforte : « Ne te formalise pas. De toute façon, dans ce showroom, rien ne va ! Pour preuve, regarde mon maquillage, s’exclame-t-elle en insistant pour que je regarde son joli visage lisse, à la peau dorée, aux yeux noisette rieurs et au nez retroussé. « Heu, je ne vois rien de particulier… » lui répondis-je étonnée.
– Mais si ! Regarde !! Les yeux écarquillés, la bouche pincée, elle se plie en deux, du haut de son mètre quatre-vingt, pour m’inciter à regarder de plus près son visage aux traits fins. De guerre lasse elle capitule :
– Ils ne m’ont MÊME pas maquillée ! Je suis venue pourtant dans ce show-room pour cela avant de défiler. Ils m’ont fait asseoir, puis patienter plus d’une heure pour que le make-up artiste me laisse en plan. Comas ! C’est n’imp !
– Heu, oui, effectivement…c’est n’imp !
Déconcertée, je prends mon mal patience, jusqu’à ce que Nausica me rejoigne. Elle s’excuse penaude de l’accueil lamentable de la fameuse Emma. Loin d’être vexée, je lui exprime ma surprise face à un tel manque d’élégance, de tact et de professionnalisme.
Certes, les 11 jours du Festival de Cannes mettent à cran les professionnels de la mode et de la com’, mais les relations humaines sont la clef angulaire de tout busines ; d’autant plus que derrière une allure atypique ou une tenue vestimentaire originale, peuvent se cacher de vraies belles personnes et des talents fédérateurs. Je plains sincèrement cette femme aigrie avant l’âge et si peu empathique…
13h30 : « Dé-jeu-nez » au Miramar et essayage chez Annah Roxxah
Il est déjà l’heure de déjeuner. Nausica m’invite à déjeuner sur la plage du Miramar. Les serveurs enthousiastes nous reconnaissent et nous installent à la meilleure table, face à la mer, dans un canapé d’angle crème. La musique chill de Bon Entendeur, Fio Maravilha vs Nicoletta nous accueille. L’ambiance me détend.
Je suis à nouveau reconnectée à la magie du Festival de Cannes : énergisant et festif !
Quelques minutes plus tard, le fameux parfumeur nous rejoint, un fringant sexagénaire habillé tout de lin blanc. Ses cheveux poivre et sel sont cachés sous un canotier. Avec élégance, il nous salue. Un brin charmeur et autocentré, il nous joue son grand numéro pour que nous devinions la composition de chacune de ses fioles, les mettant en scène grâce à des anecdotes historiques.
– Celui-ci a pour décor le bureau de Marie-Antoinette. C’est assise sur son secrétaire que la Reine de France rédigeait ses missives avant de se faire couper la tête…
Médusée par sa façon de raconter la genèse de différents flacons de parfum, je me laisse tenter par le jeu. Les notes de tête sont florales, légèrement musquées, avec une pointe de réglisse. Elles restent en tête. Je partage mes ressentis au parfumeur.
– Hé bien Mademoiselle. Quel nez !
– Oui, on me dit souvent que j’ai « un sacré nez » de par mes origines sûrement ! m’amusais-je, en mode humour noir. Savourant par avance la réaction de mon interlocuteur.
Décontenancé, celui-ci continue :
– Non…Ce n’est pas ce que je voulais dire. Votre nez est très joli au demeurant. Mais vous savez que dans nos maisons, on appelle « nez » les personnes qui sentent les parfums pour en reconnaître les fragrances et les odeurs, même les plus infimes ? Et vous, visiblement, ou plutôt olfactivement, vous avez le nez. C’est impressionnant !
Quelque peu enhardi, il me fait la cour en me proposant une « session jacuzzi » dans sa villa dans les hauteurs de Cannes. Avec malice, je décline son aimable invitation par une pirouette : « En tenue d’Adam et Eve ? Dans un jacuzzi ou dans une piscine ? On va plus sentir le chlore ou le bain moussant que la flagrance de vos délicieux parfums ! »
Ayant fini mon frugal repas de houmous et tomates-mozza, je prends congés de Nausica et de son parfumeur pour rejoindre la boutique d’Annah Roxxah Chic Croisette, près de la rue d’Antibes.
Rencontrée grâce à mon amie, attachée de presse, Nausica, au show-room des Royal Gentlemen, Annah est une figure «people» de la station balnéaire. Les Cannois.e.s se souviennent de ses passages remarqués dans l’émission Les Reines du Shopping avec Cristina Córdula, où ses « privates relooking » ont fait sensation.
Très à la pointe de la mode et de la communication digitale, Annah Roxxah a tout de suite compris le potentiel que représentait mon audience de followers pour faire connaître ses créations à un nouveau public féru de nouveautés, d’originalité et d’authenticité. D’autant plus que ce soir je défile sur le très fameux convoité tapis rouge !
Dans sa boutique près de la galerie Gray d’Albion, le regard expérimenté d’Annah Roxxah me scanne. « Tu es plutôt mince et petite. Tes jambes musclées et bronzées sont un atout. Il faut les valoriser. J’ai la robe parfaite pour toi ma beauté ! »
Sûre de son effet et de son expertise morphologique, Annah se dirige au fond de sa boutique, son adorable compagnon à 4 pattes sur ses talons, et écarte quelques cintres. Son regard affûté et ses doigts de fées frôlent l’avalanche de tissus nobles. Chemises de soie brodées, twin-set en cachemire, gilets d’alpaga, étoles en pashmina, jupes de soie brodées sur ouatine, robes en laine de Merino…
L’univers textile luxueux d’Annah Roxxah m’enchante. Annah Roxxah est Ashkénaze, une « chmates* » (vendeur en yiddish) au grand cœur passionnée par son métier. La chanson de Gérard Lenormand me trotte dans la tête tandis que j’essaie la sublime robe verte à paillettes qu’elle me tend. Ses yeux brillent. Face à mon doute pour l’enfiler : « on dirait une robe sirène ! », elle me gronde gentiment : « Ne dis pas ça Esther ! Arrête de parler comme ça ! Tu es sublime ! Essaye-là ! »
Dans le reflet que me renvoie le miroir, je ne reconnais pas ma silhouette moulée dans la magnifique robe fourreau verte, aux reflets mordorés. Le choc est saisissant !
– Tu vois Esther ! Il faut m’écouter. Je t’avais dit que cette robe était faite pour toi. Sur-mesure. Cette petite robe verte te va à merveille. Attends. On va accessoiriser ta silhouette.
Se dirigeant vers la vitrine, elle extirpe une boîte à chaussures, contenant une paire d’escarpins blancs, aux bouts dorés. Je m’émerveille devant l’ouvrage. Annah me tend également une minaudière en strass dorés, brillante comme une boule à facette et parfaitement assortie à la couleur des chaussures.
L’ensemble est juste sublime ! Les deux accessoires conjugués à la robe fourreau verte, me confèrent une allure de diva. Telle une héroïne je m’imagine déjà marchant sur le red carpet au bras de zèbre dans un joli smoking à nœud papillon noir et aux chaussures lustrées. Un couple glamour de stars. Avec malice je repense à la fois où nous avions assistés ensemble à son premier défilé de mode, au Ritz. Tous les yeux et caméras étaient braqués sur nous. Habitué à être cantonné dans son monde des livres, la valse des mannequins, stylistes et journalistes l’avait quelque peu fasciné. Nous avions rigolé en nous imaginant incarner avec son allure de premier de la classe, Zac Efron, et moi en Zendaya.
Ne manque plus que le maquillage et la coiffure, avant de monter sur le red carpet et briller de mille feux, dans cette sublime robe Annah Roxxah !
21h30 : La Grande Famille du Cinéma
Fin prête pour la Montée des Marches. Le Make-Up Artiste met en valeur mes « grands yeux et ma bouche pulpeuse » selon son diagnostic professionnel. Un brushing lisse achève de glamouriser ma silhouette tonique dans la robe verte.
Le chauffeur me dépose près de l’entrée sécurisée des rares élus qui ont le sésame pour immortaliser cet instant magique. Un fan me reconnaît et me demande un selfie. Je me prête au jeu en souriant avant d’intégrer le bain de foule et d’affronter les crépitements des photographes, prêts à « mitrailler les célébrités du 7ème art ». Alignés de part et d’autre du long tapis rouge déroulé jusqu’aux marches, les photographes guettent le geste différent ou la tenue originale pour se différencier dans la marée de clichés qui seront diffusés le lendemain ou le soir-même dans la presse et sur les réseaux sociaux.
Parmi eux, je reconnais mes deux amis, Gilles KYRIACOS et Jérôme KYRIACOS. Pouces levés, ils me font signe que tout est sous contrôle techniquement. Que j’aurais de belles photos de ma Première Montée des Marches à publier et à promotionner.
Le moment est grisant. A la fois intense et déstabilisant
Je souffle avec calme. Bombe la poitrine. Rentre le ventre. Redresse mon port de tête et essaye d’adopter une attitude élégante, en marchant les jambes croisées, comme les mannequins défilant sur les podiums. Une astuce soufflée par une amie du lycée privé, habituée des concours de beauté, pour adoucir ma démarche, qu’elle jugeait trop militaire. Soudain détendue, je me jette enfin à l’eau, ou plutôt sur le red carpet !
Je pense à mon amie Julie, réalisatrice de films, qui enchaîne les rendez-vous professionnels à Cannes, pendant toute la durée du Festival afin de rencontrer les producteurs et distributeurs de films, susceptibles d’être intéressés par son projet.
Derrière la facette création se cache un gros travail de commerciale et de communication, pour produire ses films, puis les distribuer dans les salles de cinéma à l’échelle internationale.
Je m’empresse de la rejoindre pour monter ensemble les Marches. Prêtes à escalader les sommets du succès !
Alors que je me trouve mêlée aux acteurs de la projection du film All We Imagine as Light, de la réalisatrice indienne Payal KAPADIA, je reconnais le sourire étincelant et la silhouette de l’acteur et danseur, Raghunath MANET. Ses yeux pétillent comme ceux d’un enfant. Il me couvre de baisers et me prend dans ses bras :
« Estelle, tu es super belle ! Tu pourrais être actrice ! Je veux que tu joues dans mon prochain film ! » s’exclame l’acteur, Raghunath Manet, sur les marches du Festival de Cannes
La grande famille du cinéma, me tendrait-elle les bras ? L’idée m’amuse !