Journal d’une Confinée #1
Dans la suite de la chronique humoristique « 24h dans la Vie de Julie », mettant en scène, Julie et Clara, 2 amies inséparables (BFF), évoluant dans les milieux de la musique et de l’audiovisuel, l’auteure, Estelle GUEÏ, a créé un nouveau personnage : Estelle Esther. Un irrésistible mix des 2 personnages, qui partage son quotidien de Con-Finie. Quand confinement rime avec déraison, ça donne un cocktail explosif, remède idéal pour retrouver le sourire et avoir foi en l’humanité !
Par Estelle GUEÏ
Ma Bohème
Mon 1er confinement a été à la fois un cauchemar et une formidable opportunité pour devenir la meilleure version de moi-même ! Alors que le soir du 16 mars 2020, Emmanuel Macron, annonçait religieusement à 67 millions de Français.es, dans un discours monocorde (dont lui seul a le secret), qu’il nous fallait déterminer notre lieu de confinement, j’étais loin d’imaginer le bouleversement quasi-mondial, qui s’opérerait dans nos vies de parisiennes hyperactives !
Jusqu’à maintenant, la capitale était un formidable terrain de jeux, où je pouvais à loisir tester mes idées, même les plus loufoques, et vivre la vie d’artiste, de bohème insouciante, dont j’avais toujours rêvé enfant. Les parcours trépidants de Balzac, Van Gogh, Picasso, Aznavour, Rimbaud, Sarah Bernhardt ou encore Edith Piaf, m’avaient piquée au plus profond de mon être. Quittant Nantes la grise, pour la ville lumière, j’empoignais mon destin et mettais tout en oeuvre pour atteindre mes objectifs, contre vents et marées.
A la recherche d’un idéal artistique, je m’amourachais d’un artiste de rue (plus communément appelé street-artiste ou graffeur), chômeur-glandeur à ses heures…Un échec cuisant, qui me fit regretter mes premiers amours pour les artistes du ballon rond ou du verbe haut, à l’image de mon Lion. Bref. Se libérer des diktats, des parcours uniques et de la pression sociale, est un véritable chemin de croix, lorsqu’on est une jeune femme indépendante, moderne et rebelle. Hors cadre, je décidais de fuir ce Montmartre, que j’avais tant chéri, pour me réfugier quelques mois chez les Bretons, dans le paisible 14ème arrondissement de Paris !
Âme Bretonne
Exit les ateliers d’artistes, mansardes insalubres, les cafés modernes de la butte, ses rues pavées et vedettes en devenir. Adieu mes anciens lieux de débauche, de perdition artistique, et Bonjour Montparnasse et le Quartier Breton, qui me rapprochaient de ma ville natale (Nantes) et de ma raison !
A nouveau célibataire, je m’évertuais à trouver une routine sportive pour contrer le blues post-rupture. A coups de jogging, gainage, copinage virtuel et nouveaux projets, je remontais doucement la pente.
Et soudain, un quadra à col-blanc, pur produit médiatique et bancaire 3.0, nous barrait le chemin de la gloire et du succès, pour nous assigner à demeure ! Qu’à cela ne tienne, ni une ni deux, je fonce tête baissée, le lendemain matin, dans un train direction Bordeaux ! Mon seul bagage contenait 2 robes, 3 pantalons, 2 pulls, une paire de baskets, une paire de talons et un charmant béret rose. Sans oublier le maillot de bain tigré pour la baignade ^^ Je continuais de vivre dans ma bulle, hors des réalités les plus élémentaires, à l’image de mon bagage de fortune, alors que 2 longs mois de confinement drastique nous attendaient….Direction Bordeaux, chez une ex-mannequin / actrice et entrepreneuse atypique…